Vous avez entendu parler de l’éducation positive et vous voulez en savoir plus ? Je suis Juliette, Éducateur canin diplômée, j’exerce à Dijon et je vous explique tout dans cet article !
Éducation positive, bienveillante, respectueuse … Méthodes modernes, R+ P- … Tous ces termes désignent en réalité la même chose. Chaque personne utilise les mots qui lui paraissent le plus juste. Mais qu’est-ce que c’est en fait ? Et comment on s’en sert ?
Le concept
Que signifie éducation positive ?
Si l’éducation positive existe, alors elle doit être le contraire de l’éducation négative. Mais l’éducation négative n’existe pas. Pas sous ce nom-là du moins. Le contraire de l’éducation positive est l’éducation coercitive.
L’éducation coercitive utilise la violence 🙁 : les coups, les cris et la peur, pour se faire obéir. L’éducation positive, elle, refuse tout ça. Chaque acte qui peut toucher l’intégrité morale ou physique du chien est refusé. En effet, il a été constaté que ce genre de méthode peut avoir de graves conséquences sur un chien.
Certaines méthodes semblent banales. Mais même sans aller jusqu’à la violence physique, elles peuvent être coercitives :
- mettre une saccade sur la laisse
- crier « NON »
- utiliser un pulvérisateur d’eau pour punir …
Ça ne semble pas violent, et pourtant ça l’est pour votre chien.
Mais dans éducation positive, il y a aussi ➡ éducation. Cette méthode ne se veut pas laxiste. Il ne s’agit pas de laisser toute liberté à votre chien. Il s’agit au contraire de l’éduquer, et de poser des limites. Mais cela peut se faire en utilisant des méthodes positives :D.
La meilleure définition est que l’éducation positive est une éducation qui n’apporte aucune conséquence désagréable au chien.
Un peu d’histoire
Commençons d’abord par un fait basique : le loup n’est pas l’ancêtre du chien 😯 . Oh oui, je vous vois faire les gros yeux derrière votre écran, alors je m’explique. Pour faire simple, le chien domestique, et le loup tel que nous le connaissons actuellement ont en réalité le même ancêtre1 Si vous voulez approfondir cette notion, les arbres phylogénétiques sont très intéressants à étudier.. Cela fait d’eux des cousins, tout comme l’humain et le singe actuel. Il ne nous viendrait pas à l’idée de penser qu’un singe fonctionne comme nous, n’est-ce pas ? C’est pourtant la supposition qui a été faite dans les années 50 pour les chiens.
Les méthodes d’éducation à l’époque étaient basées sur le principe de hiérarchie d’une meute de loups. Les humains devaient être l’alpha, le chef de meute. Pour comprendre pourquoi cela n’a aucun sens, il y a plusieurs choses à prendre en compte :
- Les études faites par les scientifiques à l’époque ont été contredites depuis.
Pourquoi ? Les loups concernés n’étaient pas une vraie meute. Les scientifiques ont rassemblé un grand nombre de loups qui ne se connaissaient pas. Puis ils les ont forcé à vivre ensemble. Comme ils étaient en captivité, ils n’avaient aucun moyen de fuir. C’est pour cette raison qu’ils passaient leur temps à se battre.
On a découvert plus tard que dans la nature, les meutes sont en général des familles : un couple parental et leurs petits. Ça explique pourquoi les plus jeunes suivent et semblent obéir. Ils apprennent et imitent leurs parents, tout simplement.
Même entre les loups, rien ne prouve qu’une hiérarchie existe. - Les chiens ne sont pas des loups.
Les chiens ont été domestiqués il y a des milliers d’années. Il n’ont plus grand chose en commun avec les loups. D’ailleurs, même les chiens des rues ne vivent pas en meute. Leur physique est encore ressemblant. Mais leur comportement a évolué et s’est adapté à notre monde d’humains. - Nous ne sommes pas des chiens, et ils le savent.
Si vous avez un chien, vous savez qu’ils sont loin d’être bêtes. Alors comment un chien pourrait vous prendre pour un congénère ? Même si la hiérarchie existait entre les chiens, ce n’est pas le cas entre les humains et les chiens. Nous ne sommes tout simplement pas la même espèce ! D’autant plus que c’est vous qui avez le pouvoir sur la nourriture, les sorties, les rencontres avec d’autres chiens … Votre chien sait bien qu’il ne peut pas tout contrôler. Il n’a aucune raison de vouloir vous « dominer ».
💡 Si vous voulez en apprendre plus, je vous recommande un super livre : « Dominance Mythe ou Réalité » de Barry Eaton. Vous y trouverez beaucoup de sources scientifiques et de nombreux exemples.
Les valeurs associées à l’éducation positive
L’éducation positive doit avant tout respecter l’intégrité physique et morale du chien. Le but est d’avoir une relation de confiance. Un chien n’obéit pas parce qu’il le doit. il le fait parce qu’il y gagne ou y perd quelque chose. Le but étant qu’il ait envie de répondre à ce qu’on lui demande. Ce n’est pas un maître qui dresse son chien mais un duo qui travaille et progresse ensemble.
Les différences avec l’éducation coercitive
Je ne vais pas mentir, l’éducation coercitive marche. En réalité, elle est même généralement plus rapide que la méthode positive.
En quoi ça pose problème alors ? Le problème, ce sont les conséquences. Un chien qui subit cette éducation a deux possibilités.
La première est de se résigner. Il obéit parce qu’il a peur, qu’il n’a pas le choix. Il finit par ne plus prendre aucune initiative. Un chien qui se fige quand on hausse la voix n’a pas compris qu’il avait fait une bêtise, il a juste peur de vous. Je doute que ce soit ce que vous voulez. Le problème est que pour ce genre de chiens, ça a l’air de marcher. Le chien donne l’illusion d’être parfaitement bien éduqué. Alors personne ne réalise ce qu’il se passe. Le chien est simplement mort à l’intérieur 😥 .
La deuxième possibilité est que le chien devient une vraie bombe à retardement. Il se réfrène, encore et encore, et un jour il finira par se défendre. C’est comme ça qu’un chien « adorable » devient brusquement un monstre 😈 qui tue des chats ou défigure des enfants sans raison apparente. Il a simplement atteint sa limite.
Dans ce genre de cas, les gens ont deux réactions. Les propriétaires augmentent le niveau de violence pour « mater » le chien. On en revient aux conséquences ci-dessus. Ou alors il se remet en question. Si il comprend que la violence est la raison de ses problèmes, alors il a une chance de se rattraper.
Cependant, il existe aussi des éducateurs qui se situent juste à la ligne grise. On les appelle parfois les tradi-bonbons. Ce sont des éducateurs qui utilisent à la fois la récompense et les punitions désagréables. On pourrait penser que c’est mieux. Mais on en revient au même, le chien subit.

Comment ça marche ?
Les principes de l’éducation positive
L’éducation positive est basée sur un grand principe. On utilise uniquement le renforcement positif et la punition négative. Je vous ai perdu 😕 ? C’est normal, je vous rassure. Que je vous explique …
Que ce soit avec vous ou pas, un chien apprend au quotidien. Il va choisir de refaire ou pas certaines actions selon leurs conséquences. Comme nous en fait.
Chaque action est soit renforcée, soit punie. Parfois il ne se passe rien, mais oublions cette possibilité pour l’instant.
Renforcement ou punition donc …
Le renforcement peut se faire de deux façons : il est soit positif (+) soit négatif (-). Attention, dans ce contexte, positif et négatif sont purement mathématiques. On ajoute ou on retire. Rien à voir avec le sens littéral des mots. Vous suivez toujours ?
Bon, alors, le renforcement positif (R+) consiste à ajouter quelque chose d’agréable. Par exemple, vous ouvrez un placard et y trouvez des supers gâteaux au chocolat. Alors vous aurez envie de recommencer.
Le renforcement négatif (R-), consiste lui à retirer quelque chose de désagréable. Par exemple, il y a une mauvaise odeur chez vous. Vous aérez et elle disparaît. La prochaine fois que ça se produit, vous essaierez certainement d’aérer.
Dans les deux situations, les comportements sont renforcés. Donc vous aurez un intérêt à les reproduire.
Pour la punition, c’est le même principe.
La punition positive (P+) consiste à ajouter quelque chose de désagréable. Vous ouvrez le four et vous vous brûlez par exemple. La prochaine fois, vous ferez beaucoup plus attention.
La punition négative (P-), elle, consiste à retirer quelque chose d’agréable. Vous vous battez avec un collègue et votre patron supprime votre bonus du mois par exemple. Je parie que vous contrôlerez mieux votre colère la prochaine fois !
Dans ces deux situations, les comportements sont punis. Vous éviterez donc de les reproduire.
C’est le même principe pour votre chien. Dans la vie quotidienne, il apprendra avec vous mais aussi tout seul. Lorsque les conséquences se produisent seules, vous ne pouvez pas lui éviter les choses désagréables. En revanche, lorsque c’est vous qui l’éduquez … D’autant plus qu’il risque de vous associer aux choses désagréables. Il finirait donc par se méfier de vous. C’est pour cela qu’en éducation positive, on utilise uniquement le renforcement positif (R+) et la punition négative (P-). Cela signifie qu’on ne joue que sur les choses agréables. Soit on les donne, soit on les retire.
Une fois qu’on maîtrise cela, il faut aussi savoir quand les utiliser. Eh oui, votre chien ne comprend pas ce que vous dites. Vous aurez beau expliquer que vous le récompensez ou le punissez pour ce qu’il a fait il y a une heure, il ne comprendra pas. Il est donc très important que la conséquence soit immédiate.
Les renforçateurs
Bon, maintenant, je sais que je dois utiliser des choses agréables pour éduquer mon chien. D’accord, mais quoi ? me direz-vous.
Cela dépend beaucoup de votre chien, et c’est vous qui le connaissez le mieux. Certains adorent les récompenses alimentaires, ou un jouet en particulier. D’autres préféreront une caresse ou encore des félicitations.
Pour d’autres encore, leur retirer votre attention sera la pire punition du monde. Au contraire, la leur accorder sera une super récompense.
La récompense alimentaire est la plus facile à utiliser dans beaucoup de situations. Si ça marche sur votre chien, ne vous en privez surtout pas. Vous pourrez bien sûr en réduire la fréquence une fois qu’il connaîtra l’exercice.
Mais pour certains c’est beaucoup plus difficile à trouver. Il faudra alors vous creuser la tête et tester.
Il saura vous faire comprendre ce qui l’intéresse.
Mais attention, nos camarades poilus sont pleins de surprises. Ce n’est pas parce qu’une récompense les intéresse aujourd’hui que ça sera encore le cas dans quelques mois.
Conclusion
J’espère avoir éclairé votre lanterne. L’éducation positive n’est pas toujours le chemin le plus simple, ni le plus rapide. Mais au bout du compte, vous aurez une relation forte, une relation de confiance avec votre chien. C’est une chose que l’on ne peut pas obtenir avec une autre méthode d’éducation. Et surtout, vous en aurez appris beaucoup, sur lui et sur vous, tout au long du chemin 😉